Notre séjour à la maternité … et l’hospitalisation qui a suivi ! (2/2)

Gyrophare à gogo et pleine vitesse, nous atteignons le service de néonatalogie du Centre Hospitalier Rives de Seine en un rien de temps. Nous n’y faisons qu’un passage rapide, avant d’être dirigés en pédiatrie. Mini Lu est placé dans un appareil de photothérapie, d’abord H24 (avec des pauses seulement pour le nourrir et le changer), puis par cycles de 3 heures. Finalement le traitement plus lourd – la perfusion d’albumine – n’est pas jugé nécessaire. J’ai le sentiment que la maternité a paniqué un peu vite pour rien, mais je ne peux pas leur reprocher d’être précautionneux.

Une chose me gave : on colle directement une tétine dans la bouche de mon bébé, sans même me demander mon avis. Ma big crainte depuis le début de mon allaitement, c’est la confusion sein / tétine (la « préférence tétine par rapport au sein » serait plus exacte mais vous voyez l’idée). Mini Lu a eu des biberons de lait artificiel durant quelques jours, à cause de son statut de prématuré et son petit poids. Puis, quand ma montée de lait a débarqué (bien vénère en plus, qui aurait cru que mes petits seins pouvaient donner autant), j’ai tiré mon lait pour complémenter, au cas où Mini Lu ne serait pas assez mature pour téter suffisamment. Alors cette tétine supplémentaire sortie de nulle part, c’est un peu la goutte de trop. Sauf qu’une fois que Mini Lu l’a dans la bouche, il cesse de gigoter comme un ver hystérique dans sa couveuse fluorescente … Et moi je préfère voir mon fils paisible – autant que possible – dans cette machine. Du coup je ne dis rien, mais ça me peine. Pour cette première nuit d’hospitalisation, quand on nous explique que seul un parent peut rester dormir sur place, je craque en silence. Lucien profite que j’aille aux toilettes pour ôter la tétine maudite de Mini Lu. Et d’autres fois c’est lui-même qui la balance toute seule et sans broncher. ❤

Quelques heures après cette arrivée en trombe à l’hôpital, je passe chez moi pour me doucher et me changer. Il y a tout juste une semaine, on débarquait à la maternité … Là je rentre – seule – à la maison, presque comme si de rien n’était. Mon reflet dans le miroir de la salle de bain me fait un peu mal au cœur. Exit le gros ventre, place à un corps que je n’ai jamais vu dans cet état : la cicatrice, le ventre mou, les seins hyper gonflés … Je monte par curiosité sur la balance : déjà moins 6 kilos.

Afin qu’il y ait toujours l’un de nous près de Mini Lu, nous organisons doucement un rythme assez crevant, à base d’allers-retours entre la maison et l’hôpital (rien n’est prévu pour les parents dans le service de pédiatrie). Les nuits sont devenues des siestes et les bips incessants des scopes n’aident pas à trouver le sommeil. Lucien a cette faculté à s’endormir n’importe où n’importe quand. Moi pas … Alors quand c’est possible, je tire mon lait et je rentre dormir quelques heures dans notre lit.

Une autre chose m’a gavé durant ce séjour : alors que les infirmières voient Lucien en peau à peau puis donnant son biberon à Mini Lu, elles diront en rigolant qu’il fait un « allaitement paternel ». La remarque me reste en travers de la gorge. Genre moi et mes nichons on fait de la figuration quoi. Globalement je ne me sens pas à l’aise les premiers temps dans ce service. Une pédiatre me fait d’ailleurs comprendre que, parce que je souhaite allaiter, c’est à moi de rester ici la nuit. Elle me refuse quasiment un tire-lait, sous-entendu parce que c’est un peu facile de déléguer ça au papa. Heureusement tout le personnel n’est pas aussi con. Mais certaines têtes ne me reviennent vraiment pas. Quand je me retrouve seule avec Mini Lu bloqué dans son tunnel de lumière, je craque. Ce marathon sans date de fin connue est un peu compliqué, d’autant que je suis toujours assez en vrac physiquement depuis la césarienne.

Heureusement, bientôt ma belle-soeur m’ôte mes dernières agrafes. Un petit pas vers un mieux pour mon corps. Peu à peu, Mini Lu retrouve une couleur moins jaune. Il prend du poids, est plus éveillé et l’on peut commencer à envisager une vraie sortie. Le grand retour chez nous, à trois cette fois.

Ça fait maintenant huit jours que je suis maman. Je ressens un paquet de profonds changements intérieurs, difficilement explicables. Je suis assez zen. Rien à voir avec la fin de grossesse en mode Bisounours, ni avec la PMA option angoisses et dépression. Comme une sorte de force tranquille – avec toujours quelques failles évidemment – qui s’affirme de plus en plus, surtout si ça concerne mon bébé. Je me sens vraiment bien, malgré la fatigue. Je suis simplement super heureuse. Et infiniment reconnaissante.

Notre séjour à la maternité … et l’hospitalisation qui a suivi ! (1/2)

Quelques jours après la naissance de Mini Lu, j’ai eu besoin de comprendre ce qui s’était passé. Je veux dire : je sais comme tout le monde – ou presque – ce qu’est une césarienne, mais j’avais besoin de plus d’informations et de détails. Parce que j’étais en vrac de partout, du bas du ventre jusqu’à la cage thoracique, à galérer dans mes moindres mouvements et quasi incapable de marcher. Quand on sait comment je suis active en temps normal (et jusqu’à la veille de mon accouchement), on comprend un peu mieux pourquoi ça m’agace vite ce genre de choses. J’ai mené mon enquête via Google, à base de vidéos d’anatomie, de chirurgie (j’ai compris pourquoi l’interne présent ce jour-là avait pu tomber dans les pommes) et aussi de témoignages de nanas passées par ça, en urgence ou en « programmé ». Tout ça m’a aidé à comprendre ce qui arrivait à mon corps, et à accepter de lui laisser du temps pour récupérer.

C’est donc en mode très chill que nous pensions passer cinq jours à la maternité après l’accouchement. Lucien faisait des allers-retours à l’appart tous les après-midis, pour m’apporter à manger (parce que c’est moyen la bouffe de l’hôpital), récupérer mes colis ou avancer au max la chambre de Mini Lu. Il revenait dîner et dormir avec nous, puis repartait « en missions » le lendemain midi. Très efficace !

À côté de ça, Mini Lu a été un ange. Entre l’accouchement sportif et le fait qu’il soit considéré comme prématuré (à quelques jours près), il a eu un suivi très rapproché les premières 24 / 48 heures. Mais tout s’est bien mis en route, à commencer par l’allaitement. Il a beaucoup dormi (pour se remettre de ses émotions sans doute ; tandis que moi je vivais quelques nuits blanches pour digérer les miennes) donc les choses ont pu se faire graduellement. Entre les conseils d’une copine d’allaitement, ceux du personnel de la maternité et d’une consultante en lactation, j’ai trouvé mon style et notre rythme. Jusqu’à quand ? L’avenir nous le dira.

En raison du risque d’ictère (a.k.a la jaunisse) assez élevé, on nous a proposé un protocole d’hospitalisation à domicile (HAD) afin de pouvoir suivre de près l’évolution de la bilirubine. J’ai accepté. Sauf que ça ne s’est pas passé comme ça : personne de dispo dans ma région, il a fallu revoir les plans. Finalement le lendemain les résultats sanguins sont venus tout bousculer. Mini Lu avait à peine débuté sa première séance de photothérapie que l’on nous a rappelé en urgence : ses taux étaient au-dessus des limites et il fallait rapidement le transférer vers un autre hôpital. Branle-bas de combat bis, j’ai un peu l’impression de revivre le même sentiment d’urgence que lors de la fin de mon accouchement. Six jours après la césarienne, les agrafes même pas encore ôtées, je me retrouve à galoper derrière les ambulanciers qui transportent mon bébé. Lucien nous suit en voiture, avec toutes nos affaires précipitamment jetées dans le coffre. Destination le service de néonatalogie du Centre Hospitalier Rives de Seine de Neuilly-sur-Seine.

La naissance de Mini Lu !

Jeudi 6 mai 2021. Approximativement 4 heures du matin. J’émerge pour mon énième pipi de la nuit. Une sensation un peu plus mouillée que d’habitude me met la puce à l’oreille. Je me lève et j’ai à peine le temps de faire un pas en dehors de la chambre que c’est la fuite ! Aucun doute sur l’origine. J’ai un léger vertige quand je réalise ce qu’il se passe. Les pieds encore dans ma flaque, je réveille Lucien avec je ne sais plus quelle phrase mais il émerge en deux secondes. J’atteins les toilettes et y récupère un protège-slip de test de liquide amniotique, qui me servira de serpillière quelques minutes plus tard ! Finalement je prends mon téléphone et m’assois dans la baignoire. Je sais pertinemment ce qu’il se passe, mais j’appelle tout de même la maternité. « Prenez une douche, terminez tranquillement votre valise et on vous attend. »

Nous partons pour la maternité un peu avant 6 heures. Je n’ai pas l’ombre d’une contraction mais je perds de la flotte à gogo. Arrivés sur place, on nous installe dans une salle de naissance pour un monitoring, le premier toucher vaginal de toute ma grossesse et un test PCR. Verdict : col « tonique » ouvert à 1 doigt et la tête est juste derrière. Le monito indique que j’ai des contractions légères. Grâce à ça, au moins maintenant j’arrive à les identifier. L’étudiante sage-femme qui galère à capter le coeur du bébé me cause quelques sueurs froides, mais je pige rapidement comment fonctionne le truc et ce qu’il faut entendre avant de se mettre à flipper parce que rien ne s’affiche à l’écran.

La sage-femme m’explique la suite des événements : patienter ! La poche des eaux est rompue, je ne peux donc pas rentrer chez moi. C’est un chouïa trop tôt (36 SA + 2 jours) mais rien de dramatique. On prévoit des antibiotiques pour éviter les infections et on laisse évoluer durant 48 heures. Si au bout de ce laps de temps rien ne se passe, c’est le déclenchement.

Commencent donc quelques premières heures de patience. À midi on nous octroie une chambre. Je peux donc m’installer tranquillement, avec ma petite salle de bain perso. Lucien part acheter de la bonne bouffe, emmener Danette chez ses parents, accueillir son père qui doit venir faire la seconde couche de peinture dans la chambre … Bon matériellement on n’est pas tout à fait prêt : aucun meuble n’est monté et le siège auto est encore dans son emballage. Mais on a d’autres chats à fouetter pour le moment ! ^^

Deuxième monito dans l’après-midi, qui confirme que tout va bien pour … Lulu ?! Mini Lu ? Comment on pourrait l’appeler ici ce bébé ?! J’ai approximativement une contraction toutes les 10 minutes. C’est supportable et je trouve ça cool que mon corps se mette en route tout seul. J’ai bon espoir d’éviter le déclenchement !

Début de soirée, ça commence à se corser côté contractions. Troisième monito (tout va toujours bien), toucher vaginal (col dilaté à 2, je suis très déçue). On me propose un bain ou un Spasfon, j’opte pour le Spasfon (totalement useless). Quelques heures plus tard, dans la nuit, je me retrouve dans le bain. C’est sympa et ça sent bon mais c’est aucunement efficace contre les douleurs des contractions. Ça fait bientôt 24 heures que j’ai perdu les eaux et j’abdique : je demande la péridurale. Respectant mon désir de retarder au maximum cette anesthésie, la sage-femme me propose du NUBAIN (un antalgique puissant dont l’action est semblable à celle de la morphine). Argument qui achève de me convaincre : ça endort un peu. Effectivement je suis complètement stone, mais je sors de mon sommeil toutes les 10 minutes pour me tordre et gémir de douleur dans mon lit.


Vendredi 7 mai 2021. 7 heures du matin. Énième monito (je m’y rends en m’arrêtant toutes les trois minutes dans le couloir tellement les contractions sont douloureuses), col dilaté à 3 (je suis dépitée) et … pose de la péridurale ! Quelques minutes après, ma vie change ! Je fais des siestes intermittentes quasiment jusqu’à 14 heures. Le comble : mon col se dilate tout seul tellement mon corps est détendu (zéro douleur, zéro contraction). Moi qui souhaitais prendre la péridurale le plus tard possible de peur que ça ne ralentisse le travail, je me suis sentie bien con ! ^^ Et respect éternel à toutes les femmes qui accouchent sans !

Dans l’après-midi, la sage-femme de ce jour m’explique que l’on va diminuer l’anesthésie avant de s’installer pour l’accouchement, afin de retrouver quelques contractions. Elles reviennent vite et je me retrouve à douiller ma race à nouveau. C’est là que les choses se compliquent : malgré des poussées à priori correctes (je donne tout et je ne ressemble à rien ; j’accouche quoi), mon bébé refuse de descendre. Un médecin avec des énormes spatules se pointe ; Lucien me racontera plus tard à quel point c’était flippant de le voir s’y reprendre plusieurs fois avec ces ustensiles (« le mec était en position de squats et on aurait dit qu’il faisait du ski nautique ; j’ai cru qu’il allait démembrer Mini Lu »). Moi je ferme les yeux, au max de ma douleur. Trois essais plus tard, au vu de la réaction du cœur du bébé durant les contractions (ça monte beaucoup trop haut et ça descend beaucoup trop bas), la décision est prise : césarienne en urgence.

Branle-bas de combat, je pars au bloc tandis que Lucien reste en salle de naissance. Ça doit aller tellement vite que, alors que le chirurgien incise, l’anesthésie n’est pas au max et je sens les différents coups de scalpel au bas de mon ventre. L’infirmier m’explique : « C’est comme chez le dentiste, on sent ce qui se passe mais on a pas mal. » Ouai super mon gars. Je lance quelques remarques pas très cool. J’ai mal, j’ai peur, on me secoue l’intérieur de partout et je crains une chose : qu’on me sorte un bébé bleu qui ne respire pas. Je suis toute seule avec mon champ opératoire quasiment sur le nez, Lucien n’est pas là pas alors que j’ai cru comprendre qu’il me rejoindrait. J’ai l’impression que ça dure une éternité.

Heureusement, mon fils a l’idée magique de crier une fois qu’il est sorti de mon ventre. Il est 18 heures 07. Premier soulagement. Quelques secondes après la sage-femme me le colle littéralement contre la joue. Ma première pensée : il ressemble de ouf aux images des échographies ! C’est bien lui, je le reconnais. Je lui promets que la vie sera plus douce à partir de maintenant. Puis il est embarqué rapidement pour voir la pédiatre. Lucien le découvre à ce moment et heureusement tous les examens seront bons. De mon côté, je retrouve ma bonne humeur. J’apprends que l’interne présent est tombé dans les pommes (je n’ose imaginer le spectacle que ça devait être) et je demande au mec qui me recoud pourquoi mon bébé ne voulait pas sortir. D’après ce que je comprends, il avait la tête tournée dans le mauvais sens et surtout un tour de cordon autour du cou. J’aurais pu pousser tant que je le voulais, il était coincé. Mine de rien, cette info me fait beaucoup de bien. Elle me déculpabilise, moi qui imaginais déjà que j’avais mal poussé ou je ne sais quoi dans ce style.

Quand c’est à mon tour de sortir du bloc pour retrouver ma nouvelle famille – tout frigorifiée avec cette fois-ci l’anesthésie au max de sa puissance, impossible de ressentir mes jambes – je verse encore quelques larmes de soulagement. Notre fils est tout abimé au niveau de la tête (hématomes et traces de sang), mais il va bien. C’est un put*** de warrior ! On le dépose sur moi en peau à peau et à partir de ce moment tout redevient plus calme, plus doux. C’est mon bébé, notre bébé. Il est parfait, encore mieux que tout ce que je pouvais imaginer. Je suis pleine de reconnaissance envers le personnel médical croisé jusqu’à maintenant, tous sympas et bienveillants. J’observe Lucien mettre ses premiers vêtements à Mini Lu et nous retournons dans notre chambre dans la soirée. C’est une toute nouvelle vie qui commence. ❤