En février – lors de ma préparation pour la FIV DO « faux départ » – j’avais tellement morflé (physiquement mais surtout psychologiquement) que j’avais dit à Lucien que c’était la dernière fois que je m’imposais ça. Et puis il y a eu le confinement, cette parenthèse enchantée durant laquelle j’ai réalisé que ma vie actuelle sans enfant (et sans hormones artificielles) pouvait être douce (une fois passés le choc, la déprime et la colère d’avoir fait tout un protocole pour rien).
Je revis exactement la même chose aujourd’hui, soit six mois plus tard. Le même retour de dépression causée par les médicaments de PMA. L’absence d’émotions (négatives et positives), l’absence d’envie, l’absence d’énergie, l’absence de motivation. L’absence tout court en fait : je suis là sans vraiment l’être. Mon corps est présent mais ma tête est vide.
Je suis retournée voir la même médecin qu’en février. La dose de ZOLOFT est doublée, mais l’effet n’est pas immédiat … Besoin d’une pause. Sans travail, sans transport en commun, sans horaire, sans voir personne. Elle-même étant en parcours PMA, elle me comprend parfaitement. J’ai presque l’impression de parler à une copine. On échange sur nos parcours respectifs et ça me fait énormément de bien. À côté de ça elle exerce parfaitement son boulot : elle m’a foutu à poils pour regarder mes grains de beauté et m’a palpé les seins (personne ne m’a fait ça depuis au moins 2014). Vu le cancer de ma mère et les multiples stimulations ovariennes, elle estime que je devrais dès maintenant me faire examiner tous les ans (mammographie + échographie mammaire). Petite tension, poids un peu limite (MINIDRIL me file des nausées) (heureusement il ne me reste que 4 jours à prendre cette merde). Arrêt de travail d’une semaine.
À l’heure actuelle – où je ne peux m’empêcher d’envisager tous les scénarios possibles (du plus cool au plus catastrophique) – je suis partagée : si cette FIV DO ne va pas au bout, serai-je capable d’encaisser une troisième ménopause artificielle pour rien ? À quel moment on dit stop ? La FIV DO est notre dernière option, c’est acté depuis longtemps avec Lucien. On la tente pour ne rien regretter. Mais si, pour une raison ou une autre, elle doit être reportée ? Ou refaite, pour cause d’absence d’embryons ? Est-ce que je serai capable moralement de supporter un énième traitement hormonal ?