Gyrophare à gogo et pleine vitesse, nous atteignons le service de néonatalogie du Centre Hospitalier Rives de Seine en un rien de temps. Nous n’y faisons qu’un passage rapide, avant d’être dirigés en pédiatrie. Mini Lu est placé dans un appareil de photothérapie, d’abord H24 (avec des pauses seulement pour le nourrir et le changer), puis par cycles de 3 heures. Finalement le traitement plus lourd – la perfusion d’albumine – n’est pas jugé nécessaire. J’ai le sentiment que la maternité a paniqué un peu vite pour rien, mais je ne peux pas leur reprocher d’être précautionneux.
Une chose me gave : on colle directement une tétine dans la bouche de mon bébé, sans même me demander mon avis. Ma big crainte depuis le début de mon allaitement, c’est la confusion sein / tétine (la « préférence tétine par rapport au sein » serait plus exacte mais vous voyez l’idée). Mini Lu a eu des biberons de lait artificiel durant quelques jours, à cause de son statut de prématuré et son petit poids. Puis, quand ma montée de lait a débarqué (bien vénère en plus, qui aurait cru que mes petits seins pouvaient donner autant), j’ai tiré mon lait pour complémenter, au cas où Mini Lu ne serait pas assez mature pour téter suffisamment. Alors cette tétine supplémentaire sortie de nulle part, c’est un peu la goutte de trop. Sauf qu’une fois que Mini Lu l’a dans la bouche, il cesse de gigoter comme un ver hystérique dans sa couveuse fluorescente … Et moi je préfère voir mon fils paisible – autant que possible – dans cette machine. Du coup je ne dis rien, mais ça me peine. Pour cette première nuit d’hospitalisation, quand on nous explique que seul un parent peut rester dormir sur place, je craque en silence. Lucien profite que j’aille aux toilettes pour ôter la tétine maudite de Mini Lu. Et d’autres fois c’est lui-même qui la balance toute seule et sans broncher. ❤
Quelques heures après cette arrivée en trombe à l’hôpital, je passe chez moi pour me doucher et me changer. Il y a tout juste une semaine, on débarquait à la maternité … Là je rentre – seule – à la maison, presque comme si de rien n’était. Mon reflet dans le miroir de la salle de bain me fait un peu mal au cœur. Exit le gros ventre, place à un corps que je n’ai jamais vu dans cet état : la cicatrice, le ventre mou, les seins hyper gonflés … Je monte par curiosité sur la balance : déjà moins 6 kilos.
Afin qu’il y ait toujours l’un de nous près de Mini Lu, nous organisons doucement un rythme assez crevant, à base d’allers-retours entre la maison et l’hôpital (rien n’est prévu pour les parents dans le service de pédiatrie). Les nuits sont devenues des siestes et les bips incessants des scopes n’aident pas à trouver le sommeil. Lucien a cette faculté à s’endormir n’importe où n’importe quand. Moi pas … Alors quand c’est possible, je tire mon lait et je rentre dormir quelques heures dans notre lit.
Une autre chose m’a gavé durant ce séjour : alors que les infirmières voient Lucien en peau à peau puis donnant son biberon à Mini Lu, elles diront en rigolant qu’il fait un « allaitement paternel ». La remarque me reste en travers de la gorge. Genre moi et mes nichons on fait de la figuration quoi. Globalement je ne me sens pas à l’aise les premiers temps dans ce service. Une pédiatre me fait d’ailleurs comprendre que, parce que je souhaite allaiter, c’est à moi de rester ici la nuit. Elle me refuse quasiment un tire-lait, sous-entendu parce que c’est un peu facile de déléguer ça au papa. Heureusement tout le personnel n’est pas aussi con. Mais certaines têtes ne me reviennent vraiment pas. Quand je me retrouve seule avec Mini Lu bloqué dans son tunnel de lumière, je craque. Ce marathon sans date de fin connue est un peu compliqué, d’autant que je suis toujours assez en vrac physiquement depuis la césarienne.
Heureusement, bientôt ma belle-soeur m’ôte mes dernières agrafes. Un petit pas vers un mieux pour mon corps. Peu à peu, Mini Lu retrouve une couleur moins jaune. Il prend du poids, est plus éveillé et l’on peut commencer à envisager une vraie sortie. Le grand retour chez nous, à trois cette fois.
Ça fait maintenant huit jours que je suis maman. Je ressens un paquet de profonds changements intérieurs, difficilement explicables. Je suis assez zen. Rien à voir avec la fin de grossesse en mode Bisounours, ni avec la PMA option angoisses et dépression. Comme une sorte de force tranquille – avec toujours quelques failles évidemment – qui s’affirme de plus en plus, surtout si ça concerne mon bébé. Je me sens vraiment bien, malgré la fatigue. Je suis simplement super heureuse. Et infiniment reconnaissante.